Revue de Pau et du Béarn numéro 36 année 2009
Table des matières
-Le mot du Président, par Benoît Cursente, page 5
-Résumés des articles, page 9
-Historique des recherches archéologiques sur les tumulus (Béarn et plateau de Ger), par Claude Blanc, page 13
-Le « monstrueux » dans la sculpture romane du Béarn, par Julie Gonzalez, page 33
-L’échec d’une chimère : un double État indépendant navarro-béarnais au début du xvie?siècle?, par Alvaro Adot-Lerga, page 51
-La faculté de droit et l’université de Pau sous l’Ancien Régime (1722-1792), par Jérôme Slonina, page 75
-L’impôt sur le sel à Salies-de-Béarn, par Nelly Hissung-Convert, page 113
-L’agronome et les laboureurs. Réflexions sur les instruments aratoires béarnais au milieu du xixe?siècle, par Pierre Tauzia, page 133
-Voyage du père Théodore Monbeig en Chine et au Tibet (1re?partie), par Jean-René Saint-Macary, page 157
-1909-2009 : centenaire de la création, à Pau, de la première école d’aviation au monde, par Louis-Henri Sallenave, page 183
-L’ours et le loup en France : territoires, conflits et coexistence entre humains et grands prédateurs, par Farid Benhammou, page 209
-« Être maire en Béarn… » À propos du livre de Colette Moreux, par Rolande Bonnain-Dulon, page 235
-Mélanges, page 249
-Mise au point : L’église Saint-Jean-Baptiste de Rébénacq : quelques données nouvelles, par Jeanne Valois, page 251
-Bibliographie béarnaise, par Valérie Champetier de Ribes et Jean-François Saget page 259
-Ouvrages et travaux, page 275
-Nous avons lu et aimé, page 275 –?Nous avons reçu et apprécié, page 280 –?Soutenance de thèse, page 283.
-Vie de l’association, page 285
-In memoriam, page 287
-Jean Loubergé, par Christian Desplat, page 287 –?Jean Micheu-Puyou, par Pierre Tauzia, page 291.
-Le carnet de la SSLA, page 292
-Éphémérides 2009, page 293
-Conférences, page 295
-Sortie à Arette, page 297
Résumé des articles:
Claude Blanc
Historique des recherches archéologiques sur les tumulus (Béarn et plateau de Ger)
La question de la finalité de ces nombreux monticules de terre présents dans le Béarn et ailleurs, appelés tumulus, a excité la curiosité des hommes depuis 1840. Ces tertres ont donné lieu à de nombreuses fouilles, au début mal conduites et mal comprises, récemment menées de façon rigoureuse et pluridisciplinaire.
Le but premier de cet article est de retracer l’historique de ces recherches, mais surtout, à travers lui, d’appréhender la complexité de ces monuments anciens et leur chronologie. La seconde finalité est de dresser un bilan : quels sont les acquis obtenus par un siècle et demi de recherches ? Quelles sont les questions non résolues qui se posent encore et dont certaines trouveront, peut-être, une réponse avant que les bulldozers n’aient détruit ces précieux témoignages d’un passé lointain ?
Julie Gonzalez
Le « monstrueux » dans la sculpture romane du Béarn
Au Moyen Âge, de surprenantes créatures, issues du merveilleux et du fantasme, errent dans les églises ; leur présence stimule l’imagination, mais laisse perplexe l’homme moderne.
Cet article se propose d’explorer la figure controversée du monstre, imprévisible et multiple, au travers du patrimoine roman béarnais. Cette réflexion envisage les formes monstrueuses les plus significatives, qu’elles soient physiques ou comportementales. Au-dessus de nos têtes, nombre d’êtres hybrides attirent le regard, de troublants petits baladins provoquent, d’énormes monstres androphages effraient autant qu’ils fascinent.
Ce voyage dans l’univers fantastique médiéval atténue le mystère religieux qui entoure ces étrangetés : elles reflètent une réalité spirituelle et révèlent les fondements de la morale divine.
Ainsi, la distribution cohérente de ces images, les rapports qu’elles entretiennent au sein même de l’édifice dispensent un enseignement chrétien aussi original qu’exigeant et aujourd’hui en partie inaccessible.
Alvaro Adot-Lerga
L’échec d’une chimère : un double État indépendant navarro-béarnais au début du xvie?siècle ?
Dans la période de naissance des grands États-nations de l’Europe occidentale, les premiers rois de la dynastie Foix-Albret ont essayé de développer une idéologie politique destinée à consolider la couronne de Navarre formée par deux territoires indépendants, le royaume de la Navarre et la seigneurie du Béarn. Mais les différentes actions politiques réalisées dans le cadre de ce dessein ont buté sur l’absence de bases minimales pouvant permettre à ce projet de rester viable. Telle fut l’aventure de l’union entre la Navarre et le Béarn. À la recherche d’une souveraineté, plus formelle que réelle, les rois navarrais n’ont pu nourrir que l’ombre d’un rêve, une chimère.
Jérôme Slonina
La faculté de droit et l’université de Pau sous l’Ancien Régime (1722-1792)
Malgré de nombreuses attaques, deux universités seront créées en France sous le règne de Louis XV : celle de Dijon et celle de Pau. Ce seront les dernières de l’Ancien Régime. En dépit d’une existence relativement brève (1726-1792), l’université de Pau, dont la faculté de droit est l’élément essentiel, offrira à la ville et à la province un enseignement, des professeurs, des méthodes, certes traditionnelles, mais qui n’auront pas à souffrir de la comparaison. Tout un monde universitaire –?professeurs, agrégés, étudiants, chancelier, directeurs?– se met en place pendant près de soixante-dix ans afin de pourvoir aux besoins du parlement local. Largement oublié depuis sa suppression par la Révolution, ce premier essai d’une université dans la cité béarnaise n’en a pas moins été une institution vivante, bien représentative des aspirations sociales et intellectuelles d’une capitale provinciale.
Nelly Hissung-Convert
L’impôt sur le sel à Salies-de-Béarn
Étude réalisée à partir des archives départementales des Pyrénées-Atlantiques et portant sur la contestation, faite par la Corporation des part-prenants détenant en propriété collective la fontaine salée, d’une ordonnance de 1835 qui, mettant en œuvre un système d’égalité de l’impôt, remet en cause une exception acquise en 1806, renouvelée en 1824 et découlant de la longue tradition de l’exemption de la gabelle en pays franc. L’article met en relief un conflit entre règles spéciales et loi générale, ainsi que la confrontation des intérêts public, économique et collectif à travers la loi fiscale. Il évoque également la question de l’égalité de l’impôt et pose le problème de l’équité fiscale.
Pierre Tauzia
L’agronome et les laboureurs. Réflexions sur les instruments aratoires béarnais au milieu du xixe?siècle
L’outillage agricole béarnais est mentionné, dès le Moyen Âge, dans les textes notariaux, mais sans faire l’objet de descriptions. Ce n’est qu’au xviiie?siècle que s’engage une réflexion sur les techniques aratoires. Le Bulletin des comices de Pau donne, en 1857, sous la plume du professeur Mongas, une description, accompagnée de croquis, des instruments aratoires béarnais. Il a paru intéressant de croiser cette étude avec les sources et documents dont on dispose aujourd’hui en matière de techniques aratoires. Ceci permet de mieux cerner l’intérêt du travail de Mongas et aussi de mesurer la mutation technologique qui se dessine au milieu du xixe?siècle. Des instruments de fabrication locale, quasi immuables pendant des siècles, se trouvent confrontés à un outillage de facture industrielle, certes onéreux, mais beaucoup plus efficace sur le plan agronomique.
Jean-René Saint-Macary
Voyage du père Théodore Monbeig en Chine et au Tibet
Le voyage du père Théodore Monbeig en Chine et au Tibet est connu grâce à un récit autobiographique écrit en quatre longues lettres et envoyé à sa famille. Ce récit, qui est parvenu à la famille et aux Missions étrangères de Paris, parut tellement merveilleux que le cadet du père Monbeig, devenu lui aussi missionnaire au Tibet, l’a illustré de quelques dessins. Est seulement reproduit ici le récit concernant la partie du voyage entre Changhaï et Ta-tsienlou (Kangding aujourd’hui). La vie du père Théodore Monbeig, assassiné au Tibet le 11 juin 1914, est en cours de publication. Ce missionnaire, originaire de Salies, donne son nom à la nouvelle paroisse que forme aujourd’hui le canton de Salies. À son courage et à sa sainteté, il faut ajouter le soutien qu’il a apporté à de nombreux explorateurs du Tibet et sa contribution à l’herbier du Muséum national d’histoire naturelle de Paris.
Louis-Henri Sallenave
1909-2009 : centenaire de la création, à Pau, de la première école d’aviation au monde
La venue des frères Wright au Pont-Long, en janvier 1909, est à l’origine de la vocation aéronautique de la ville de Pau. Sept écoles d’aviation civiles, ouvertes aussi aux militaires, développèrent une grande activité durant quatre ans après le départ des précurseurs américains. Le centre militaire d’aviation du Pont-Long, créé en 1912, se transforma, durant la Grande Guerre, en centre d’acrobatie, avec son école de chasse formant près de 300 pilotes par mois.
Farid Benhammou
L’ours et le loup en France : territoires, conflits et coexistence entre humains et grands prédateurs
Ours, loup, y êtes-vous ? Ces animaux ne laissent pas indifférents par la charge des représentations et des conflits qu’ils impliquent. L’ours a marqué les Pyrénées par sa protection peu efficace et par les réintroductions présentées comme inéluctables. Le loup, revenu naturellement d’Italie dans les années 1990, semble susciter des tensions régulières et variables. Ces deux grands prédateurs sont impliqués dans des histoires humaines qui les dépassent, mais dont la protection dépend. Après avoir replacé la présence de ces espèces dans leur contexte, l’ours et le loup fonctionnent comme des révélateurs de la crise-mutation des espaces ruraux et agricoles de montagne. Ils interrogent sur la place respective des activités humaines et des contraintes naturelles dans le cadre de la prise en compte de la biodiversité. Par-delà les oppositions simplistes, en approfondissant, les pistes de convergences pour des solutions durables sont moins complexes qu’il n’y paraît.
Rolande Bonnain-Dulon
« Être maire en Béarn… » À propos du livre de Colette Moreux
Cet ouvrage est d’abord une analyse sociologique du pouvoir local en milieu rural. Les modifications du climat politique dans l’Hexagone et des institutions ont amené l’auteur à renouveler le regard sur le rapport à l’autorité et aux formes qu’il peut prendre dans un milieu dit « rural profond ». En même temps, elle conduit une analyse ethnologique de la modernisation d’une commune du Béarn, dite Labarthe, au travers de l’histoire du pouvoir municipal. Colette Moreux, spécialiste de Max Weber, a été enseignante en sociologie et en anthropologie à l’université de Montréal pendant dix-huit ans avant de faire partie de l’université de Pau et des pays de l’Adour. Elle combine les approches disciplinaires, les méthodes et les sources écrites et orales.