L’Académie des sciences et lettres de Montpellier
et la SSLA de Pau et du Béarn
ont le plaisir de vous inviter à la double conférence de
Jean-Marie CARBASSE
professeur émérite de l'Université de Montpellier (Histoire du droit et droit romain)
Ancien recteur d’Académie
« Les libertés de la province de Languedoc au XVIIIe siècle »
et
Benoit CURSENTE
directeur honoraire de recherches au CNRS
« Les fondements médiévaux des libertés béarnaises »
le jeudi 8 juin 2017 à 17 h
à l’amphithéâtre de la présidence - UPPA
campus universitaire de Pau
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles
JEAN-MARIE CARBASSE : « Les libertés de la province de Languedoc au XVIIIe siècle ».
Jusqu’à la Révolution, la province de Languedoc (qui s’étendait à peu près sur le même territoire que la région appelée aujourd’hui « Occitanie ») a bénéficié d’une organisation propre dont l’organe essentiel était l’assemblée des « Etats ». Apparus au XIVe siècle comme la modalité méridionale des Etats généraux, les Etats de Languedoc regroupaient des représentants des trois ordres (ou « Etats ») de la province : clergé, noblesse et Tiers-Etat. Leurs attributions originaires étaient avant tout fiscales : il s’agissait de « consentir » au roi des prélèvements financiers justifiés d’abord par les « nécessités » exceptionnelles de la Guerre de Cent ans, puis pérennisés. Au XVIIIe siècle, le principe du consentement à l’impôt est devenu une fiction juridique, mais les attributions des Etats de Languedoc se sont diversifiées, en particulier dans le domaine de l’aménagement du territoire et du développement économique, de sorte que cette province – si on la compare à d’autres – jouit encore d’une réelle autonomie de gestion.
BENOIT CURSENTE : « Les fondements médiévaux des libertés béarnaises »
Dans le vaste tableau des libertés locales médiévales, le Béarn se signale comme étant le pays de fors, prolongement des fueros ibériques. La concession du premier for, au XIe siècle, est particulièrement précoce mais la compilation des Fors, corpus aussi volumineux que touffu, n’est effectuée qu’à la fin du Moyen Age. Dans la vie sociale, les fors sont les garants des différentes libertés correspondant au nuancier complexe des situations personnelles et/ou géographiques. Dans le même temps, au regard des élites qui siègent aux États de Béarn, les fors s’affirment comme la clé de voûte des libertés béarnaises : le prince tire sa légitimité de leur respect. En 1551 ce dispositif médiéval est remplacé par un « For Réformé » qui va jusqu’à la Révolution, vaille que vaille, maintenir vivante cette liberté provinciale face à la centralisation monarchique. Ces libertés révolues ne sont pas sans écho dans l’actualité...